Tout au long de ses lettres, Paul cite le nom dun nombre très important
de
personnes, qui sont ses fidèles. On peut distinguer entre ceux qui devaient être ses
collaborateurs proches et ceux qui nétaient que de simples amis. Lexamen de ces
personnages nous donne de précieux renseignements sur le « style » des différentes
Églises et sur leurs différences.
Les collaborateurs :
Apollos, Juif hellénisé
dAlexandrie, Ancien disciple de Jean le Baptiste catéchisé par
Prisca et Aquilas (Ac 18, 24-25), il effectue une longue mission à Corinthe où il se
constitue son propre groupe de fidèles (cf. 1Co) grâce à sa culture et à
sa
connaissance rhétorique. Repris en main par Paul, il le rejoint à Éphèse et évangélisa
peut-être la Crète par la suite (voir Tt 3, 13).
Prisca et son époux Aquilas, Juifs convertis exerçant
le même métier que Paul, ils
furent catéchisés à Rome. Expulsés de la ville, ils se réfugièrent à
Corinthe où ils
hébergèrent lapôtre (Ac 18, 2-3) et catéchisèrent Apollos (Ac 18, 18).
Paul les utilisa
comme « éclaireurs », chargés de fonder des Églises avant son arrivée : à Éphèse
(1Co 16, 19) puis à Rome (Rm 16, 5).
Aristarque : lun des
principaux collaborateurs de Paul à Éphèse (Philémon 24). Si lon
en croit les Actes, il le suivait depuis sa conversion à Thessalonique (Ac 20, 4) dans
tous ses déplacements jusquà Jérusalem (Ac 19, 29) et Rome (Ac 28,
2).
Luc (Philémon 24),
collaborateur de Paul à Éphèse, il est peut-être médecin (Col 4,
14) et serait, selon la tradition, lauteur du Troisième Évangile et des Actes des Apôtres.
Sylvain (Silas) : Juif (son nom
est le même que Paul Saül) membre de la
communauté de Jérusalem (Ac 15, 22), il fut délégué à Antioche et prit
part à la
première mission en Macédoine ; il est ainsi coauteur de 1Th et passe sans doute à
Pierre après lincident dAntioche (1P 5, 12). Les Pères de lÉglise le
font terminer sa vie
comme évêque de Corinthe ou de Thessalonique.
TimothÉe : converti de Lystres,
dune mère juive et dun père grec, il fut le compagnon
le plus fidèle de Paul, celui que lapôtre chargeait des missions délicates. Il
aida Paul
dans la rédaction de 1Th. puis resta à Bérée pour régler les problèmes
des Églises de
Macédoine (1Th 3, 6) et enfin rejoignit Paul à Corinthe (2Co 1, 19). Il suivit ensuite Paul
à Éphèse puis fut envoyé par lapôtre pour régler la première
crise corinthienne (1Co 4,
17), ce qui fut un échec. Il suivit ensuite son maître partout : à Corinthe (Rm
16, 21) puis
à Jérusalem (Ac 20, 4). Il est sans doute ensuite responsable dune communauté
dÉphèse (Épîtres à Timothée) puis fut prisonnier lui-même
(Hébreux 13, 23). La
tradition (Eusèbe de Césarée) le fait mourir martyr sous Nerva : il voulait sopposer à
certaines réjouissances populaires qui tournaient à lorgie et à la cruauté,
ce qui causa
sa perte.
Tite, lun des plus chers
collaborateurs de Paul, il était sans doute un converti
dAntioche de classe aisée, comme le prouve son nom très latin. Il est associé à
Paul et
à Timothée lors de lentrevue de Jérusalem (Gal. 2, 1) puis est envoyé
par Paul pour
régler la crise corinthienne après léchec de Barnabé : son caractère
souple fait
merveille (2Co 6, 13). Il est ensuite chargé de la collecte à Corinthe (2Co 8, 16-24 ;
12,
18). La tradition en fait lorganisateur des Églises de Crète puis de la Dalmatie.
à Colosses :
À Colosses, un couple semble avoir été lami de Paul :
PhilÉmon et de son épouse
Apphia (Philémon 2).
Leur fils est peut-être Archippe. Philémon et Apphia avaient un
esclave, OnÉsime, qui, pour des raisons
inconnues, prit la fuite et vint retrouver Paul au
cours de sa captivité à Éphèse. Il fut baptisé par Paul. On lidentifie à lévêque dÉphèse
rencontré par Ignace dAntioche (Ignace, Épître aux Éphésiens, 1, 3). Autre soutien venu
sans doute de Colosses (Col 4, 12), Épaphras, compagnon de captivité à Éphèse
(Philémon 23). Son nom dénote une origine populaire. Il aurait peut-être fondé
lÉglise de
Colosses et en serait devenu le premier évêque.
à Corinthe :
Le recrutement est des plus divers. On y retrouve des gens dorigine gréco-romaine
très fortunés, comme ChloÉ, une riche marchande dont les serviteurs apportent un
message à Paul lors de leur passage à Éphèse (1Co 1, 11) ; comme Crispus,
« craignant Dieu » converti puis baptisé par Paul (1Co 1, 14) qui était
bienfaiteur de la
synagogue (Ac 18, 8) ; ou comme cet Éraste, un affranchi devenu édile (magistrat) de
Corinthe, daprès une inscription trouvée au cours des fouilles de la ville, qui devient
intendant de Rome (Rm 16, 23). On y trouve des Grecs de moindre rang comme
StÉphanas qui a deux esclaves, Achaïcus et Fortunatus (1Co 16, 17),
comme Caïus, lun
des seuls convertis de Corinthe baptisé par Paul (1Co 1, 14) ; il fut lhôte
de ce dernier
lors de son dernier séjour dans la ville (Rm 16, 23), il sagit sans doute dun
affranchi et
dun Grec, ou comme PhœbÉe, qui exerçait un ministère dans lÉglise de Cenchrées,
le
port de Corinthe, (Rm 16, 1). On rencontre également des Juifs dans lÉglise de
Corinthe : Lucien et Sosipatros, deux parents de Paul
(Rm 16, 21), dont le dernier
laccompagne dans son troisième voyage (Ac 20, 4) et SosthÈne, un Juif hellénisé qui
suit Paul à Éphèse et le conseille dans lécriture de 1Co ; peut-être
est-il le même que
ce « chef de la synagogue », bastonné par les Juifs au cours du procès
de lapôtre
devant Gallion (Ac 18, 17).
à Rome :
À Rome, capitale de du monde antique, la moisson est très diverse.
On trouve des
Romains comme Julie (Rm 16, 15), Urbain (Rm 16, 9), « collaborateur
dans le Christ ».
Certains sont esclaves comme Ampliatus (Rm 16, 8) ou les esclaves de Narcisse (Rm 16,
11), le célèbre affranchi de Claude. Il y a également des Grecs comme Stachys (Rm 16,
9), Apelle (Rm 16, 10), qui « a
fait ses preuves dans le Christ », NÉrÉe et sa sœur (Rm
16, 16), Olympias (Rm 16, 15), Persis, dont le nom est celui
dune esclave (Rm 16, 12),
Philologue (Rm 16, 15), PhlÉgon, dont le nom trahit une
humble origine (Rm 16, 14). On y
trouve des gens venant de lOrient à linstar de TryphÈne et Tryphose, deux militantes (Rm
16, 12), Patrobas, dont le nom évoque
un oriental de milieu humble (Rm 16, 13). Enfin,
les Juifs ne manquent pas : nommons les esclaves de la maison dAristobule, prince judéen
descendant dHérode le Grand qui séjourna à la cour impériale jusquen
54, et parmi
lesquels se trouve HÉrodion, parent de Paul (Rm 16,
11), Andronicus (Rm 16, 7) et Junia,
des Juifs hellénisés, parents de Paul, Hermas, (Rm 16, 14) quOrigène et Eusèbe
identifient avec lauteur du Pasteur, écrit célèbre de la fin du Ier siècle, Marie, (Rm 16,
6)
Il y a enfin Rufus et sa mère (Rm 16,
13) dont Paul dit quil la considère comme la
sienne.
à Éphèse :
Outre ceux de la maison de CÉsar (lEmpereur) (Ph 4, 22), on connaît DÉmas, un Grec
collaborateur de Paul (Philémon 24) et ÉpénÈte, le « premier converti » de Paul à
Éphèse (Rm 16, 5) ; il est sans doute issu de ces johannites dÉphèse
que lapôtre rallie
dans la ville, son nom dénote une origine populaire.
à Philippes :
Épaphrodite apporte une aide financière à Paul (Ph 2, 25) mais, malade, doit rentrer à
Philippes. Son nom est très répandu chez les affranchis. Évhodie et SyntychÊ, deux
converties qui ne se supportent pas (« Jexhorte Évhodie comme jexhorte Syntychê à
vivre en bonne intelligence dans le Seigneur. », Ph 4, 2). Lydie, quoique mentionnée
uniquement dans les Actes, doit être aussi nommée ; cette riche affranchie juive
originaire de Thyatire en Lydie était à la tête dune entreprise de pourpre (Ac 16,
14.40).
à Thessalonique :
On ne connaît que Jason, un Juif membre de la famille de Paul qui se porte garant de
lui lors des émeutes (Ac 16, 21) et se trouve à Corinthe pendant lécriture
de lÉpître aux
Romains (Rm 16, 21)
à Antioche (selon les Actes) :
BarnabÉ, lun des personnages
les plus influents de lÉglise dAntioche, dont Paul ne
sera que le « second » au cours du premier voyage missionnaire et Jean-Marc, le cousin
de Barnabé, qui refuse de suivre les apôtres (Ac 13) et provoque la rupture entre son
cousin et lapôtre. La tradition lidentifie à lauteur de lévangile
de Marc et au
collaborateur de Pierre (1P 5, 13).